Virginie Franqueza

Etre Doula c’est transmettre

Quand j’étais petite, j’étais fascinée par l’univers de la naissance. Je me souviens très bien avoir eu le privilège de voir ma tante allaiter son premier bébé, j’étais haute comme trois pommes mais l’image est restée gravée dans ma mémoire. J’ai été frappée de voir ce nouveau-né téter le sein de sa mère, émue de ce qui se passait devant mes yeux : un échange intense entre une mère et son tout-petit, leurs regards plongés l’un dans l’autre.

Quelle douceur, quelle humanité se dégageaient de cette chambre : j’avais l’impression de baigner dans un océan d’amour, c’était magnifique. C’était sûr, moi aussi j’aurai des bébés un jour, et moi aussi je les allaiterai. La transmission était en marche.

Je suis tombée enceinte à 27 puis 29 ans. Mon premier accouchement mal vécu s’est soldé par une difficulté maternelle que j’ai surmontée seule. Pour le deuxième j’ai connu les brimades et l’absence de considération. Ces deux premières expériences m’ont laissé un goût amer : comment était-il possible de traiter ainsi une femme au moment où elle donnait la vie ? Si on m’avait dit que cette probabilité existait, j’aurais pu m’y préparer.

Pire : quand j’en parlais autour de moi, la plupart des gens trouvaient ça normal ! Or, si les femmes ne savent pas qu’elles ont des droits lorsqu’elles accouchent, comment changer les mauvais usages ? Il devenait primordial pour moi de transmettre les informations appropriées.

Progressivement, j’ai commencé à me renseigner sur ce qui existait en France autour de la maternité en matière de soutien aux femmes. Je voulais en finir avec l’image édulcorée de l’univers de la naissance. Mais rien ne me satisfaisait. Sauf que parfois c’est en ne cherchant pas qu’on trouve. Un jour, en lisant un magazine parental dans une salle d’attente, je suis tombée sur un encart tout petit qui parlait des doulas. Apparemment c’étaient des femmes qui accompagnaient et soutenaient d’autres femmes et couples pendant la grossesse et les premières semaines de vie de bébé.

Information, valorisation du lien parent-enfant, transmission de leur savoir-faire. Je n’en croyais pas mes yeux, ça existait donc, c’était un métier, et un rassemblement était même prévu dans les semaines à venir ! Evidemment j’ai participé à ces Journées des Doulas, c’était en mai 2006. Et ce fut une révélation : je rencontrais des femmes qui partageaient les mêmes préoccupations que moi, avec la volonté de faire évoluer les mentalités. Je me sentais appelée sur ce chemin, avec la conviction que cette direction me permettrait de trouver ma cohérence.

Ca fait à présent 11 ans que je suis en marche sur cette terre tellement fertile : mes formations m’ont permis de comprendre comment fonctionne le corps d’une femme, et les mécanismes en œuvre au moment de la naissance, de panser les blessures de mes deux premières expériences. Par-dessus tout, j’ai contacté mes forces féminines et c’est grâce à cela que j’ai su bien m’entourer pour mettre au monde mes deux bébés suivants sous les regards bienveillants de deux sages-femmes réellement soutenantes.

Oui, devenir maman ça peut être fantastique, ça peut nous combler de bonheur, surtout quand on a choisi de le devenir. Mais ce n’est pas QUE ça. Loin de là. C’est aussi bouleversant, intense, fatigant, effrayant… C’est un passage d’un état à un autre et c’est irrémédiable. L’arrivée d’un enfant nous confronte à nos ambivalences, redistribue les rôles au sein d’un couple, d’une famille. J’aurais aimé qu’on m’en parle, j’aurais aimé qu’on écoute mes craintes, qu’on accueille mes doutes. Et qu’enfin on me dise « oui, ce que tu fais, c’est bien ! »

C’est tout cela qui m’a conduit à être doula. Et quand je suis auprès d’une maman ou d’un couple, ma tante, mes sages-femmes et mes consœurs ne sont jamais bien loin pour vous TRANSMETTRE notre foi en vos compétences.